« Picturalités »

Galerie HORIZON – 1515 Zhongshan Avenue – Jiang’an district, WUHAN

du 6 novembre au 5 décembre 2021

L’ensemble de ces photographies dégage une impression de picturalité, dévoile des caractères attribués à la peinture sans pour autant la mimer sur un mode pictorialiste, toutes soulevant des questions proprement photographiques comme le cadrage, le bougé, le flou, le piqué, l’exposition, la distance ou la profondeur de champ.

Qui dit peintures dit, entre autres, «peinture de paysage» et c’est le paysage qui a été choisi ici comme sujet de la plupart de ces photographies.

Aborder le paysage c’est risquer de sombrer dans l’écueil de la carte postale à moins de prendre en compte ce qui lui est contemporain : la vitesse et, son corollaire, le raccourci du temps et des distances ainsi que le changement des points de vue. Celui-ci peut alors être appréhendé soit à travers le filtre d’un pare-brise, l’écran d’un rétroviseur ou la vitre d’un train, voire le hublot d’un avion.

La photographie fixe ainsi ce qui s’apprête à disparaître plus ou moins rapidement à travers, ici la buée, ailleurs la poussière, là l’empreinte du givre sur une vitre ou la fragilité d’une toile d’araignée. Autant d’éléments qui s’interposent entre le regard et l’horizon – un paysage à travers une fenêtre ruisselante de pluie ou encore la présence d’une figure dans le flou de la prise de vue – provoquant alors une mise à distance génératrice d’imaginaire.

Parti pris prolongé dans les œuvres Aux confins, Absence et In extremis où, ce n’est plus la capture d’un premier plan qui soustrait le sujet à la vue, mais la pellicule photographique elle-même, sa propre limite, qui laisse libre cours à un hors-champ à la fois supposé, abstrait et pictural.
A contrario, pour d’autres œuvres, il s’agit de révéler ce qui sourd de la matière, son paysage intérieur et cela nécessite d’être au plus près, comme d’une peinture dont on s’approcherait pour admirer la matière et la lumière qui s’y inscrit.

L’ensemble des diptyques et triptyques présentés ici, privilégient ces deux approches du paysage. De surcroît, jouer sur la résonance entre deux ou trois photographies, permet de construire de multiples scénarios ; ces assemblages, métissages, croisements prennent alors un sens autant pour ce qu’ils montrent que pour ce qu’ils suggèrent, matière à métaphores, à la fois figures et allégories.

Jean Yves Cousseau / octobre 2021

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